Zoug vs Genève - Match III & Series recap
La meilleure équipe de la saison poursuit sur sa lancée et remporte les playoffs
On ne change pas une équipe qui gagne et on ne change pas non plus une formule qui gagne. Dans notre présentation de la série, nous avions prévenu: “Préparez-vous à une quête de la perfection défensive car cette série se jouera dans le slot, et ce sera à qui fait le moins d’erreurs.” Alors, oui, on fait simple et on réutilise notre introduction de notre récapitulatif du premier match tout comme nous l’avions également fait lors du récapitulatif du second match.
C’est une grande partie du titre de Zoug, tout comme ce qui a permis à l’EVZ de terminer le championnat en tête. Zoug a été très solide et n’a pratiquement rien donné dans le slot de toute la série, notamment à 5c5. Hormis quelques minutes durant le deuxième tiers de ce troisième match, Genève n’aura que très rarement mis Zoug sous pression sur des périodes prolongées. Et quand la défense zougoise avait quelques manquements, Genoni a fait son travail de façon admirable, comme très souvent en playoffs, lui qui était encore champion … en titre.
Le premier tiers
Durant le premier tiers, Zoug a eu le plus gros volume de tirs ainsi que le plus grand nombre de chances, mais Genève a eu la meilleure chance du tiers en power-play, quand Fehr s’est heurté à Genoni sur un rebond rare. À 5c5 par contre, seuls 5 tirs tentés, dont le plus dangereux par Fehr, très présent, servi par une passe de Miranda depuis … l’arrière du but.
Côté zougois, 19 tentatives générées à 5c5. Senteler a été dans les bons coups avec 3 tirs du slot, pour un total d’Expected Goal (xG) de 0.63 en moins de 15 secondes, tentant de reprendre des rebonds accordés par Manzato sur des tirs de la bleue et que la défense genevoise a eu de la peine à dégager. En fin de tiers, Albrecht est passé près d’ouvrir le score suite à une chance en rush. Klingberg a pu facilement entré en zone offensive, face au gap large laissé par la défense, et a pu servir Albrecht sur une passe Royal Road.
Et pour l’histoire, on mettra cette chance d’Hofmann en rush.
Après 20 minutes : 1.07 Expected Goal (xG) pour Zoug, 0.56xG pour Genève.
Notons aussi un minuscule 18% d’entrées en contrôle à 5c5 sur ce tiers pour Genève, complétement bloqué par la défense adverse et qui rejoint le discours de Kast ci-dessous (à l’antenne de la RTS).
Le deuxième tiers
Ce deuxième tiers restera peut-être le meilleur tiers genevois de la série et celui où les Grenat auront pu le plus imprimer leur jeu dans le camp zougois et ce, dès le départ. Malheureusement, c’est une très bonne entrée en zone offensive de Simion et Kovar qui a permis a Hofmann d’ouvrir le score. Kovar a parfaitement lancé Simion, qui a pu foncer au filet et créer un rebond pour Hofmann, qui a du et pu s’y reprendre à trois reprises pour tromper un Manzato laissé seul par la paire Le Coultre-Karrer. Une séquence qui vaudra donc un but, mais 1.33xG. Pour l’anecdote, une séquence valant plus d’1xG, cela se compte sur les doigts d’une main dans une saison.
Sur le reste du tiers, le jeu sera principalement genevois, si on excepte la chance de Martschini en échappée, stoppé (irrégulièrement ?) par Kast. Avec 30 tentatives de tirs contre 11 pour le Zougois, les Grenat ont dominé territorialement. Cependant, une grosse partie de leurs chances viennent de jeux qui commencent à la ligne bleue. On a tenté des déviations, de créer des rebonds, mais sans succès, hormis sur un tir de Tömmernes en power-play en toute fin de tiers … en power-play. Fin, du tiers, 1-1.
Après 40 minutes : 2.46 Expected Goal (xG) pour Zoug, 1.45xG pour Genève.
Le troisième tiers
Zoug est très bien entré dans le troisième tiers, grâce notamment à un power-play obtenu rapidement, mais c’est à la 44ème minute de jeu que Fehr se créera, à nouveau, la plus grosse chance de marquer du tiers pour Genève. Sur un tir depuis la ligne bleue de Rod, Fehr, seul dans le slot, masque Genoni et parvient à reprendre le rebond laissé par ce dernier. Mais le gardien stoppe à nouveau la grosse chance des Grenat.
Le reste de la période sera zougois. Une grosse chance pour Klingberg seul face à Manzato suite à engagement en zone offensive. Et ensuite, vint le but d’Hofmann. Un but McDavid-esque pour ceux qui suivent la NHL. Quelle vitesse. On vous laisse apprécier. Ce sera sans aucun doute l’un des buts, si ce n’est le but, de ces playoffs.
Moins de 20 secondes plus tard, et une pénalité de 2+2 contre Winnik, Klingberg pouvait creuser l’écart. Zoug pouvait gérer. Et Hofmann repartir en rush pour finalement trouver le poteau de Manzato.
Albrecht marquera encore en power-play et Simion “marquera” dans la cage vide pour un score final de 5-1 et un titre amplement mérité.
Le match et la série en chiffres
Zoug termine le match à 4.52xG, leur meilleure performance de la série au meilleur moment, ce qui résume bien la force de cette équipe. On peut se dire que Genève n’a pas démérité avec 1.98xG mais objectivement il convient de rappeler que se créer moins de 2xG dans n’importe quel match de hockey revêt plus de l’échec qu’autre chose. Et un tel avantage conférait à Zug 84% de chances de gagner, le maximum possible à domicile.
77% au match 1, 82% au match 2, 84% au match 3. Si le score des matchs est longtemps demeuré serré, il est frappant de voir à quel point les Zougois méritaient leur victoire à chaque fois.
Sur la série, Zoug a créé 10.5xG, contre seulement 5.49 pour Genève, quasi deux fois moins. Bien-sûr Genoni en a sauvé, mais Manzato aussi… Le rapport de forces initial reste largement en faveur des champions.
A 5c5, c’est 6.72 à 3.30, du deux pour un. Et 4 buts à 0. En Power play c’est 3 buts zougois pour 3.15xG contre 1.15xG pour Genève…
La carte des buts est frappante. Dans notre duel annoncé du slot, Zug y a marqué ses 7 “vrais” buts. À 5c5, Zoug a aussi cumulé exactement 2xG via des high-danger passes pour… 2 buts. Et Genève 1.05xG pour rien… Ajoutons 10 rebonds à 4 pour Zoug, 39 tirs en rushes à 21, 2.27xG créés en rush à 0.83, 1.50 à 0.64 en Walk-ins, etc.
En transition, les deux équipes ont été plutôt égales sur cette finale, du moins sur la partie visible des transitions contrôlées. 64% et 61% de sorties en contrôle, facile, 48% et 49% pour les entrées. Mais l’avantage que nous avons déjà cité lors des comptes-rendus précédents se situe aussi au niveau des dumps en entrées de zone, rendus nécessaires tant les défenses étaient hermétiques à la bleue.
À ce jeu-là, Zoug a récupéré 25 de leurs 65 dumps: 38%. Genève en a récupéré 13 sur 71: 18%. Autant de munitions en plus pour les zougois.
Genoni impeccable
Malgré des arrêts plus aléatoires, le portier a encore sauvé 1.25 but ce soir, portant son total à 3.8 sur la série, pour un pourcentage d’arrêt de 97.5% et 81% de Shot control. Époustouflant.
Au-delà de la domination de son équipe, Genoni a été la cerise sur la gâteau rendant la tâche impossible pour Genève, un briseur d’espoir de haut niveau…
Et chapeau à Daniel Manzato, qui n’aura pas explosé. Car malgré ses 4 buts encaissés ce soir, il en aura quand même sauvé 0.13 au sien, ayant affronté un barrage de 4.13xG. Avec 3.1 buts sauvés en trois rencontres, Manzato a été également un extraterrestre sur cette série, bien aidé jusqu’au bout par ses poteaux… D’ailleurs son Shot control finit à 68%, redescendu très proche de la moyenne de la ligue. Mais il n’aura pas explosé, gardons cette image merveilleuse du remplaçant devenu héros.
La force collective de Zoug
Inutile ou presque de revenir sur les performances magistrales de Kovar et Hofmann. Sur ce match III comme les précédents, la profondeur de l’EVZ a fait merveille. Sur la finale, Klingberg est celui qui a le plus créé en transition avec un 11 sur 14 en sorties (79% contrôlées) et 13 sur 18 en entrées (61% contrôlées). Suivent Martschini et Zehnder. Senteler se classe 3ème pour les xG contribution, Albrecht 5ème. Cette profondeur a aussi permis à la défense de se contenter de jouer son rôle de façon propre, sans devoir en faire trop. À peine a-t-on vu Diaz s’avancer en zone offensive lors de cette finale.
Seule ombre au tableau peut-être: Shore a beaucoup bougé le palet mais sans rien créer ou presque: 0.02xG contribution en 3 matchs…
Hofmann a marqué 3 buts sur ses 2.37xG. Simion 3 sur 1.86xG. Klingberg et Diaz ont le plus tenté avec 20 tirs, devant Hofmann 19 et Simion 14. Kovar mène l’équipe avec 8 shot assists, Senteler et Simion en ont 7. Chacun a rempli son rôle comme attendu.
Côté genevois, Tömmernes aura essayé. On semble se répéter depuis une semaine mais tous les matchs se sont ressemblés au point de ne former qu’un seul bloc uni de 180 minutes. Il a énormément bougé le puck avec ses 28 sorties de zone (64% contrôlées) et ses 10 entrées dont 6 ont mené à des tirs. Winnik le suit de près en termes d’impact. Fehr, mine de rien, termine avec le plus de xG Contribution grâce à ses 1.41xG au tir en 16 tentatives. Seul Tömmernes a plus décoché que lui avec 22 tirs. Mais nos cerveaux retiendront les gestes d’humeur du numéro 16 qui gâchent un peu le tableau. Omark a été à son niveau. Second avec Rod pour les xG (0.59) malgré un match de moins, il a été dangereux et incisif autant que possible. Mais derrière ce groupe, le reste n’a pas pu se mettre au niveau des zougois.
Un MVP?
Dans notre présentation de la finale, nous ne savions pas qui mettre en avant côté zougois et les trois matchs n’ont pas aidé. Genoni a été royal mais l’équipe devant lui lui a bien facilité la tâche. Si aucun défenseur n’a eu besoin de crever l’écran il faut donc choisir parmi les attaquants. À ce jeu là, on retombe toujours plus ou moins sur Jan Kovar. Dominant en possession, décisif offensivement, présent physiquement d’un bout à l’autre.
Mais le vrai héros, c’est certainement Dan Tangnes, chef d’orchestre d’une équipe qui a dominé la ligue de la tête et des épaules tout en jouant un hockey intelligent et plaisant. Un hockey de mouvement, de contrôle, de choix individuels et collectifs motivés par un raisonnement logique d’être le plus efficace possible dans les deux sens de la glace. Bravo.
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