WC Preview - F - Suisse
Dans notre premier article de présentation de l’équipe de Suisse, nous dressions le profil des 3 gardiens et 10 défenseurs présents aux championnats du monde. Ici, on passe en revue les 15 attaquants sélectionnés par Patrick Fischer. Une liste qui comprend 11 joueurs ayant déjà évolué en Amérique du Nord, 1 qui devrait bientôt y signer (Hofmann), 1 qui aurait pu y signer (Scherwey), ainsi que deux néophytes (Mottet et Simion) qui participeront à leur premier tournoi officiel avec l’équipe adulte, eux qui ont explosé offensivement cette saison.
Pas de réelles surprises dans cet alignement. Fischer semble faire confiance aux meilleurs joueurs suisses du championnat et aux joueurs de NHL disponibles. L’attaque semble rapide et devrait être excellente en transition grâce à des attaquants possédant cette qualité, mais aussi grâce à une défense mobile et possédant des qualités techniques nécessaires pour fournir l’attaque.
Ambühl
Un des piliers de cette équipe nationale, il a disputé ses premiers matchs en NLA en 2000/01, ses premiers championnats du monde en 2003/04 et il vient de réaliser sa meilleure saison comptable en NL, avec 44 points en 45 matchs … à 37 ans. Il disputera son seizième championnat du monde, égalisant le record de Seger. Hormis ses points, ses Win Shares, ses statistiques en transition ou encore ses shot assists nous confirment qu’il fait encore partie des meilleurs attaquants de ce championnat et que sa contribution à la construction du jeu de son équipe est importante. Avec sa polyvalence, il sera intéressant de voir comment Fischer va l’utiliser.
Andrighetto
Sortant d’une première saison de NL très réussie, Fischer pourra compter sur un des meilleurs attaquants du championnat. Annoncé comme une super vedette, Andrightto a répondu présent après un début de saison où il a pris doucement ses marques. Au 95ème percentile en Win Shares du championnat, il a été le meilleur zurichois en playoffs, prenant ses responsabilités. Sa capacité à porter le palet d’un but à l’autre le place au 98ème percentile en transition. Il sait aussi ne pas s’enfermer dans des numéros de solistes et s’assurer que les actions débouchent sur un tir.
Bertschy
Meilleur buteur du LHC, meilleur buteur à égalité numérique de la ligue (avec Simion), Bertschy sort de sa meilleure saison en NL. Avec un volume de tirs bien supérieur à ses saisons précédentes (+37%) et avec une proportion plus importante arrivant sur le gardien (64% vs. 50%), les buts ont suivi, sans que son SH% ne prenne l’ascenseur. Proche du niveau élite en 2018/19 ou 2019/20 quand on considère ses Win Shares, sa saison 2020/21 le place parmi le haut du panier. Joueur rapide, ce n’est pas une surprise de le voir parmi les meilleurs joueurs de la ligue en transition, mais là où il se détache, c’est dans son impact défensif à 5c5 (99ème percentile).
Corvi
Corvi a silencieusement signé sa meilleure saison en carrière avec 52 points en 44 matchs, le propulsant au 97ème percentile aux Win Shares. C’est l’un des tous meilleurs fabricants de jeux de la ligue grâce à ses transitions et son animation en zone offensive. Il pourrait être décisif en power-play.
Herzog
Peut-être l’un des joueurs les plus sous-estimés du championnat. Ses deux saisons à Davos l’ont propulsé au 96ème percentile aux Win Shares, et au 98ème en attaque, seulement devancé selon le modèle par Hofmann, Cervenka, Kovar, Corvi et Mottet. Sa contribution en transition et construction est bonne mais c’est surtout un tireur. Son impact physique est précieux s’il évite les débordements.
Hischier
En 2018/19, Nico Hischier avait été le meilleur pointeur de l’équipe de Suisse avec 9 points en 8 matchs. Il sortait de deux très bonnes saisons avec les Devils du New Jersey, avec un impact offensif fort. Depuis, c’est plus compliqué (cf. l’analyse de CJ Turtoro sur All About The Jersey), avec un impact total négatif sur les deux dernières saisons (cf. le graphique ci-dessous, disponible sur hockeyviz.com), où il a connu blessures, attrapé le Covid et manqué une partie de la préparation avec en plus un calendrier très condensé. Néanmoins, il devrait être le leader offensif de cette équipe.
Hofmann
Cela fait maintenant 4 saisons que Hofmann fait partie des meilleurs joueurs du championnat. Une constance à un niveau aussi élevé est à saluer pour celui qui trône au 100ème percentile au total parmi les attaquants. Sur cette même période, il est le meilleur pointeur à égalité numérique de la ligue (goals (1er), points primaires (1er), goals par 60 minutes (1er), points (primaires) par 60 minutes (1er) parmi les joueurs avec plus d’une saison dans les patins). Et ses performances sont encore meilleures en playoffs, en étant décisif comme il l’a été en finale face à Genève. Il fait également partie des meilleurs joueurs en transition, en power-play et est un des plus gros tireurs de la ligue. La prochaine étape avec la NHL ? Il dispose de suffisamment d’atouts pour y réussir.
Kurashev
Kurashev a pu se faire une place dans une jeune équipe de Chicago cette saison sans pour autant réussir à crever l’écran. Lors de son passage à Lugano, il a montré sa capacité à créer du danger en zone offensive mais son impact en amont restait à améliorer (même si ses chiffres étaient un peu meilleurs en NHL dans ce domaine). Cependant, il a seulement 21 ans, il ne faut pas l’oublier.
Meier
Sur les graphiques ci-dessous, comme pour Hischier, on peut voir que depuis deux saisons, son impact a diminué. Si en 2018/19, Meier faisait partie des meilleurs joueurs de la NHL, c’est plus compliqué depuis. Sa trajectoire a malheureusement celle de son équipe vieillissante et il est également moins utilisé par son entraîneur, Bob Boughner.
Dans le jeu pourtant, à 5c5, c’est un des joueurs animant le plus l’attaque des Sharks (premier aux tirs, chances, primary shot assists, …) et notamment en rush. Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, il peine à la finition. Il est également le joueur tentant de porter le puck le plus souvent en attaque. Tout comme Hischier, malgré deux dernières saisons en demi-teinte, Meier sera une des locomotives de cette équipe.
(Ci-dessus, données trackées par Corey Sznajder et disponibles via son Patreon)
Mottet
En Amérique du Nord, on parlerait de “late bloomer”, un joueur qui éclot plus tard que ses pairs. Et on le voit bien dans ce graphique ci-dessous. Mottet connaît une progression régulière depuis la saison 2016/17 et sort de sa meilleure saison en carrière, et de loin, avec 48 points en 50 matchs, à l’âge de … 30 ans. Son association avec Desharnais et Stalberg a très bien fonctionné. Un des gros canonniers de la ligue, est-ce que Fischer l’utilisera en tant que tel ? Il tire beaucoup mais ne touche la cible que 54% du temps sur ces trois dernières saisons, soit au 25ème percentile de la ligue. Dans un tournoi court, il est préférable d’être incisif rapidement. Risque-t-on donc de le voir plus comme un joueur de profondeur pour certains matchs ? Avec Andrighetto, Meier et Hofmann, il fait face à une forte concurrence dans son rôle.
Praplan
Depuis son retour d’Amérique du Nord, Praplan est moins percutant sur le plan offensif, dans une équipe de Berne qui a montré ses limites sur les deux dernières saisons, mais c’est un joueur complet, bon passeur, bon en transition et avec un impact positif sur la possession à 5c5. Utilisé tant à l’aile qu’au centre cette saison, il ne joue plus avec des coéquipiers ayant un impact offensif aussi fort que Santala et Hollenstein dans ses saisons à Kloten.
Rod
Souvent vu comme un joueur de rôle en équipe de Suisse, le capitaine du GSHC possède pourtant quelques cordes à son arc et notamment pour sa contribution dans le jeu offensif où il figure dans le 97ème percentile de la ligue grâce à sa capacité à s’impliquer dans des jeux très dangereux. Solide en box-play, tout comme à 5c5, il est finalement un choix logique pour la troupe de Fischer. Son rôle devrait être sans surprise au sein du 4ème trio.
Scherwey
Peut-on copier le texte de Noah Rod et le transposer à Tristan Scherwey ? Presque, tant ils semblent similaires dans leur contribution dans leurs équipes respectives. Et c’est probablement dans un rôle similaire au sein du 4ème trio que l’on devrait retrouver Scherwey, si Fischer décide de l’aligner. Ses Win Shares indiquent des performances relativement constantes ces dernières saisons. Peu de surprises avec Scherwey, Fischer sait quel peut être son apport sur la glace.
Simion
A bientôt 27 ans, on peut aussi parler de “late bloomer” pour Dario Simion. Parfait complément au duo Hofmann-Kovar, il a su profiter de ses coéquipiers pour réaliser sa meilleure saison dans l’élite. Avec 33 buts (dont 3 dans la cage vide), il a pratiquement autant marqué que sur les 4 saisons précédentes. Avec un taux de réussite aux tirs de 21%, il sera difficile pour lui de répliquer sa saison. Néanmoins, il possède un profil assez unique dans cette équipe et que les coachs semblent apprécier : il sait faire de la place devant le filet adverse et se montrer opportuniste. Mais ce n’est pas sa seule qualité, il excelle également en transition. Parfait pour compléter de meilleurs joueurs.
Vermin
Lors de son précédent championnat du monde, on avait pu voir Vermin être utilisé au centre, comme il a pu l’être en début de saison avec Genève. Avec une forte concurrence sur les ailes, c’est possible qu’il soit utilisé à nouveau dans ce rôle. Surtout que ces dernières saisons, sa contribution offensive a diminué, on le voit à ses tirs et shot assists, mais son impact en transition et dans la construction reste très bonne.
Top-12
Le premier tour devrait permettre de faire tourner les effectifs mais qu’en sera-t-il en quarts ? Voici notre attaque idéale :
Meier - Hischier - Andrighetto
Hofmann - Corvi - Simion
Bertschy - Kurashev - Praplan
Rod - Vermin - Ambühl
Scherwey
En tribunes : Mottet, Herzog