WC Preview - G & D - Suisse
Nous revoici pour la dernière ligne droite de la saison et nous allons avoir le plaisir de couvrir les performances de l’Équipe Nationale durant les championnats du monde qui commencent le 21 mai à Riga. Au menu du premier tour la République Tchèque, le Danemark, la Suède, la Slovaquie, la Russie, le Biélorussie et la Grande-Bretagne, autant dire que les quarts de finale sont largement à la portée des hommes de Patrick Fischer.
Durant ces championnats du monde, nous vous proposerons les mêmes analyses que lors des playoffs de NL, avec les données issues de notre outil de tracking. Mais avant cela, penchons-nous sur le groupe de 28 joueurs (3 gardiens, 10 défenseurs et 15 attaquants), Covid oblige, appelés à porter le maillot national ces prochaines semaines.
Gardiens
Berra ou Genoni dans les buts de la Suisse ? Habituel. Nyffeler disputera son premier Championnat du Monde en tant que troisième gardien. La grande question aurait plutôt été de savoir où Gauthier Descloux se serait glissé dans cette hiérarchie sans sa blessure. Le gardien de Genève aurait largement pu prétendre au titre de meilleur gardien de la saison en NL et donc au moins au statut de numéro deux en équipe nationale. Dans une saison qui a vu le nombre de buts inscrits augmenter de manière significative (0.6 buts de plus par match), Descloux a trouvé le moyen de “sauver” presque 7 buts à son équipe. Seul Niklas Schlegel a fait mieux parmi les titulaires avec 10. Mais ensuite, Stephan en a sauvé 3, Nyffeler 3 en 29 matchs et Genoni en a encaissé 2 de plus que prévu. Mais voilà, le portier de Zug a ensuite enchainé avec des playoffs époustouflants, réaffirmant s’il y avait besoin que c’était lui le patron.
À 33 ans, Genoni ne donne pas non plus signe de faiblir. Si on en croit ses performances en termes de Win Shares (victoires qu’il rapporte à son équipe sur une saison de 50 matchs), il se maintient dans l’élite de la ligue saison après saison. Et s’il n’a fourni un “Quality Start” (match dans lequel il encaisse moins de buts qu’anticipé) que 50% du temps cette saison, répétons-nous pour dire qu’il a été royal lorsque cela comptait en playoffs.
Le numéro deux habituel est Reto Berra. Habituel mais logique? C’est moins certain. Le portier de Fribourg a connu une saison en demi-teinte, ayant encaissé plus de 8 buts de plus qu’anticipé, ne fournissant un Quality start que 48% du temps. Sa réputation et l’expérience plaide pour lui mais la réalité a été moins flatteuse que prévue ces derniers temps.
Numéro trois et petit nouveau, Melvin Nyffeler profite de ses bonnes performances en playoffs pour participer à son premier mondial. Un peu mal aimé par les stats de la ligue, Nyffeler s’est donc démarqué dans notre tracking en sauvant des buts à Rapperswil-Jona… là où ses remplaçants en ont encaissé 21 de plus qu’anticipé en 26 matchs ! Nyffeler a également fournit un Quality start 62% du temps cette saison, quasiment deux matchs sur trois donc, une assurance de régularité dans un contexte difficile.
Défenseurs
En défense, Fischer a écarté Egli et Fora dans son dernier cut. Heldner, lui, fera partie des 10 défenseurs choisi par Fischer. Pour vous présenter l’effectif, nous nous servirons des données trackées par Thibaud ces dernières saisons afin d’évaluer les joueurs sur de multiples aspects du jeu: les phases de transition, de construction globale (xG Contribution), les tirs et les Shot assists (dernière passe avant un tir).
Alatalo
Premier mondial avec les couleurs suisses pour Santeri Alatalo, lui qui avait porté les couleurs finlandaises en junior. C’est évidement un renfort de qualité pour la brigade défensive de Patrick Fischer. Nouvellement champion avec Zug, il n’a cessé de monter en puissance ces dernières saisons si on regarde sa Win Shares. Dans les meilleurs de la ligue offensivement, il est également très solide défensivement et peut jouer dans toutes les situations. Son impact en transition, sur la construction et l’animation offensive font de lui un homme à tout faire et de premier plan.
Diaz
Une paire Alatalo-Diaz? Les lignes ont tourné le week-end dernier contre la Lettonie donc difficile d’y voir clair. Mais si le coach cherche des automatismes, ces deux-là et Tobias Geisser se connaissent évidemment bien. Raphael Diaz demeure, à 35 ans, l’un des tous meilleurs ou même le meilleur défenseur de NL. Sa Win Share le classe au 99ème percentile de la ligue, seulement dépassé par Henrik Tömmernes de Genève. Étant au 98ème percentile en défense et 96ème en attaque, son impact dans les deux sens de la glace est indéniable. Transition et construction font un peu plus défaut tant Diaz aime se porter lui-même en avant et participer au geste final comme le montrent ses tirs et shot assists.
Frick
Pour Frick, il s’agira de sa troisième participation d’affilée aux championnats du monde. Il sort probablement d’une de ses meilleures saisons en National League et de celle où il aura eu le plus grand rôle à jouer au sein du LHC. Utilisé dans toutes les situations, sa polyvalence est un atout, mais c’est surtout son jeu à 5c5 qui est intéressant pour Fischer. Propre en zone défensive, il est aussi bon quand il faut porter le puck en dehors de la zone défensive ou en zone offensive. Dans cette dernière, ce n’est pas un tireur comme certains de ces coéquipiers en défense, mais il est capable d’amener le danger par ses passes.
Geisser
Troisième (ex?-)Zougois de l’équipe, Tobias Geisser a connu une saison de la révélation, profitant d’être longtemps aux côtés de Diaz avant de voler de ses propres ailes, y compris en playoffs. Impliqués dans les deux sens de la glace, il excelle en transition et construction offensive. Il ne presse pas souvent la gâchette lui-même mais nourrit ses coéquipiers de ses passes. Patrick Fischer lui fera-t-il confiance pour un rôle dans le top-6 pour autant ? Peut-être pas mais proche. Mais les matchs à priori plus “faciles” du groupe pourrait permettre de faire tourner l’effectif.
Heldner
Après la paire Alatalo-Diaz, la paire Frick-Heldner ? Sur les 57 matchs du LHC, les deux ont été alignés à … 57 reprises ensemble sur la feuille de match. Peut-être LA surprise de la sélection de Fischer, mais Heldner vient d’effectuer sa meilleure saison de National League. Il a fait de gros progrès dans son jeu de transition, défend bien en rush et a connu une bonne saison d’un point de vue défensif. Seul droitier avec un tel profil, il faudra voir comment Fischer souhaite l’utiliser, mais avec une brigade partant à 10 défenseurs, son rôle devrait rester limité.
Loeffel
Une chose est certaine, l’équipe ne manque pas de défenseurs “all around” (complets) dans la trentaine… Romain Loeffel sort d’une saison en demi-teinte avec Lugano mais ses playoffs étaient d’un niveau bien supérieur. Sa Win Share décline d’année en année depuis son arrivée dans le Tessin mais il demeure un défenseur dans le top 10 percentile de la ligue en transition, tirs et shot assists. Sa capacité à trouver des longues passes en sortie de zone peut débloquer des impasses tactiques en zone neutre et il peut agir en sniper sur le power-play.
Moser
Celui dont tout le monde parle. Moser a explosé offensivement aux yeux du championnat avec son début de saison extraordinaire, jusqu’à attirer, à nouveau, les regards de la NHL. Sa production personnelle est retombée à un niveau plus modeste par la suite mais le jeune homme s’est distingué par son sens du jeu et son impressionnant impact sur la possession du palet dans les deux sens de la glace. Doué d’une très bonne première passe, son impact personnel diminue ensuite au fil de la glace et son implication en zone offensive reste légère. Mais il ne devrait pas avoir de mal à avoir du temps de jeu lors de ces mondiaux.
Müller
Pour les joueurs NHL, nous avons eu la chance de profiter des profils établis par JFresh Hockey (retrouvez-le sur Twitter, sur son Substack ou encore sur EP Rinkside).
Müller est, comme Siegenthaler, un défenseur plutôt défensif. Même lors de son passage en Suède cette saison, il a évolué par exemple en box play mais pas en supériorité numérique. Par contre, là où Siegenthaler montre de vrais résultats positifs, l’impact de Müller en défense reste relativement moyen. De quoi le mettre un cran en arrière dans la hiérarchie ?
Pour ses statistiques de SHL, vous pouvez les retrouver sur Svengelska Hockey, un site créé par Zach Ellenthal.
Siegenthaler
Disponible depuis son échange aux Devils du New Jersey dont la saison est terminée, Jonas Siegenthaler présente un profil atypique dans cette liste par ses capacités défensives notoires. Quelque soit le modèle d’analyse, son impact défensif ressort très positivement, de quoi le placer en spécialiste du genre et en premier choix pour l’infériorité numérique.
Untersander
Un autre défenseur complet dans la trentaine… Comme Loeffel, Ramon Untersander voit sa Win shares baisser avec les saisons. Mais il n’est pas aidé par ses blessures à répétition. Dans le jeu, ses transitions sont très propres et il est plus enclin à tirer que passer en zone offensive, ce qui pourrait peut-être le desservir dans un contexte où il aura de meilleurs tireurs que lui sur la glace.
Notre top-6 pour un match décisif
Le premier tour devrait permettre de faire tourner les effectifs mais qu’en sera-t-il en quarts ? Voici notre top-6 idéal :
Alatalo - Diaz
Siegenthaler - Moser
Frick - Loeffel
Et en tribunes : Geisser, Müller, Untersander, Heldner